Une nuit sans fin - Eric Chavet - Editions Lajouanie

Roman noir

Editions Lajouanie - 28 mai 2021 - 172p

En 2020, je découvrais l'écriture de Eric Chavet avec "Ouvre les yeux" un policier qui avait provoqué un coup de cœur ♥ 

Donc pas question de passer à coté de son nouveau roman.

Très différent du précédent, plus ténébreux, plus concentré, mais toujours aussi subjuguant dans l'analyse de l'esprit humain. 

Eric Chavet tisse en profondeur le portrait du personnage principal (c'est quasi un huis clos d'ailleurs et nous connaissons tous la puissance de ce type de roman), autour d'une intrigue à la thématique forte.

Un homme marié à Angélique, et père de Nina 18 ans, mène une vie à la limite minable. Un petit boulot qui ne lui plait plus depuis bien longtemps et une femme qui a toujours mille reproches. Il en est là dans le fil de ses pensées au volant de sa voiture. Il roule doucement trop doucement avec ce scooter qui lui colle aux fesses. Il a décidé de l'ennuyer, un petit plaisir mesquin et puis tiens de fumer aussi une cigarette qui lui voudra une leçon de morale de la part de sa femme. Il s'en moque il a bien le droit. Il fait nuit sur cette route interminable, il cherche ses cigarettes, et bang le scooter. Tétanisé il ne bouge plus, ne lui porte pas secours. Quand ce semi-remorque arrive à vive allure il sait qu'il n'aura pas le temps de stopper pour éviter la victime. Enfermé dans sa voiture, il assiste à la scène, le black out, floc floc et il prend la fuite tout phare éteint.

Ses pensées reprennent. Un alibi ? Une justification ? Une explication ? Après tout ce n'est pas lui qui a tué ce jeune avec son casque bizarre. C'est lui qui l'a doublé imprudemment, c'est le camion qui lui a roulé dessus. La culpabilité va-t-elle le rattraper ? Pour lui va débuter une nuit sans fin dont il ne soupçonne pas encore l'existence.

Le récit est énigmatique sur l'identité de cet homme, nous avons accès à sa construction mentale avant et après le drame. Une façon d'amplifier les sentiments que l'on ressent. Le protagoniste creuse deux tombes, celle de ce jeune et la sienne, et nous pauvres spectateurs nous en somme les témoins avides. On se questionne aussi, serions nous également tétanisés au point de ne pouvoir porter secours. Impensable et pourtant ... ne l'avez vous jamais ressenti cette sensation de blocage ?

Je me suis laissée guider par la plume savoureuse de l'auteur, il nous dirige droit vers une chute vertigineuse. Au bout de cette route, l’impossible nous attend. Quand j'ai lu le dernier chapitre, ma bouche est restée plusieurs secondes bloquée en forme de "O" et dans ma tête cela tournait en boucle "noooooooooon pourquoi". J'ai tourné les pages, j'étais prête à reprendre depuis le début à défaut de trouver une fin à la fin. Il m'a à nouveau époustouflé avec un dénouement imparable qui nous laisse coi.

Avec son regard tantôt social, tantôt cynique, tantôt ironique Eric Chavet nous a concocté une histoire courte, mais d'une redoutable efficacité. Un semi-huis clos oppressant mentalement avec une écriture plus brute que dans « Ouvre les yeux », mais tout aussi efficace.

Un roman noir loin des stéréotypes à découvrir absolument.

PS : je vous conseille également d'aller faire une petit tour sur le Facebook des éditions Lajouanie ou celui de l'auteur pour découvrir le Booktrailer du roman, les images et les mots provoqueront encore plus l'envie de le lire.

Merci aux éditions pour cette lecture

Synopsis : Un homme est au volant de sa voiture. Il s’est pris la tête avec Léa après une de leurs parenthèses charnelles clandestines. Elle lui a posé un ultimatum. Elle veut plus que des ébats furtifs partagés sous les draps d’un hôtel. De la tendresse, bordel ?!

Il fait sombre, il pleut. L’homme déteste novembre. Il cherche une cigarette dans sa boîte à gants, fait un écart, heurte le scooter qui lui collait le train. Il s’arrête sur le bas-côté, regarde dans son rétro. Le petit con qui a tenté de le doubler est allongé sur le bitume. Des secondes, des minutes à tergiverser le cul collé à son siège... Le bruit d’un camion transperce l’obscurité. Il va déboucher du grand virage.