La bouche des carpes - Michel Robert

Littérature Française

L'Archipel - août 2018 - 119p

Présentation de l'éditeur : « On n'est pas forcé d'aimer mes livres... » « Mon ambition était de devenir danseuse étoile... »« Je crois dans les anges visibles... » « Pourquoi nierais-je que je suis un être pervers ? » « J'ai voulu mourir à cause de la laideur de la bouche des carpes... » Dans un café ou sous la pluie, chez elle ou chez lui, ou encore... dans les bois : l'auteur d'Hygiène de l'assassin, de Stupeur et tremblements et des Prénoms épicènes a accordé une série d'entretiens à Michel Robert. Au fil de leur conversation - parfois sage ou sincèrement drôle, parfois folle ou même intime - est née une amitié.Amélie Nothomb se livre ici comme rarement, évoquant aussi bien sa vie privée que la création littéraire, l'Europe, la Chine et le Japon, son sens de l'amitié et sa vision de l'amour, son goût de la solitude et des « orgies intellectuelles »... Ainsi se dessinent les thèmes majeurs d'une oeuvre en plein devenir.Un document exceptionnel, donnant à voir dans toutes ses dimensions un écrivain aussi déroutant que capital.

Mon avis :

Amélie Nothomb reste un personnage public troublant et ce livre le confirme une fois de plus, mais elle en devient plus humaine.

J'ai vraiment apprécié de la découvrir sous un autre aspect, car je dois dire que si j'ai lu ses premiers romans, les derniers m'ont un peu fâché avec elle, trop légers, pas assez travaillés dont la longueur diminue au fil des années.

L'auteure est de toute façon intrigante, ses particularités d'écrits ou d'être interpellent, on aime ou pas mais elle ne laisse personne indifférent, c'est là où réside toute la force du personnage qui est vraiment mise en valeur dans cette "biographie".

Mais qui est vraiment Amélie Nothomb ? 

Elle se livre ici sans tabou ni mensonge - le revendique d'ailleurs, elle ne ment jamais - 

Vous apprendrez qu'Amélie n'a aucune peur de la page blanche, se fait vomir tous les jours, que la neige est un symbole de vie, et des tas de choses toutes aussi insolites les unes que les autres qui collent parfaitement au personnage.

Nous découvrons également une partie de son passé familial, éducatif, social, amoureux.... un parcours chaotique et à la fois linéaire lui aussi.

Un interview intrusif et particulièrement intéressant. On découvre une femme vraiment en noir et blanc, rempli de contrariétés qui n'en sont pas, qui cultive ses propres aberrations et qui se livre avec aisance.

Elle nous parle de son rapport à la beauté et la laideur, elle nous parle aussi de la "bouche des carpes"....il n'y a pas de complaisance juste du vrai, des mots qui jaillissent comme ils lui viennent à l'esprit.

— Je vous sais très animalière. Au Japon, quel est l’animal qui vous a le plus frappée ?— C’est peut-être le seul animal qui me dégoûte, qui est en fait un poisson : la carpe. Je me souviens, à l’âge de quatre ans, avoir fait une tentative de suicide, la seule de ma vie, à cause de la bouche des carpes.

Michel Robert ose poser les questions attend les réponses, les creuse, dirige vraiment en profondeur le dialogue. On sent un respect mutuel mais on n'est pas non plus ici pour s'amuser c'est du sérieux. J'ai eu l'impression d'être la troisième personne dans la pièce.

J'ai eu une vraie et bonne surprise avec cette biographie, j'ai appris des détails intimes de cette auteure à succès certes, mais si le personnage me parait toujours aussi étrange je le, je la comprends mieux et j'apprécierais davantage ses écrits futurs.

"MICHEL ROBERT : Il paraîtrait que vous mangez de la nourriture pourrie…— C’est vrai.— Je croyais que vous alliez présenter ici un démenti…— Non ! Je mange des végétaux pourris lorsque je suis livrée à moi-même.

A la fin nous avons vraiment l'impression de connaitre Amélie Nothomb en vrai en nature. J'ai tout aimé dans ce livre, sa façon de se livrer et la façon dont l’interview était dirigé. Une belle performance que ce livre biographique que je qualifierais d'intime, je le conseille à tous, fan ou pas d'Amélie, il mérite grandement sa lecture. Et la cerise c'est qu'au final elle a dit beaucoup de chose sérieusement mais qui font vraiment sourire ! Le paradoxe Amélie.

Mon avis sur son roman "Les prénoms épicènes".

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L'auteur : Michel Robert, écrivain et plasticien belge, est l'auteur de livres d'entretiens avec Maurice Béjart (Ainsi danse Zarathoustra, Actes Sud, 2006) et le dessinateur Jacques Martin (La Voie d'Alix, Dargaud, 1999). Amélie Nothomb a préfacé son livre Pascal de Duve. Lettres à un ami disparu (La Renaissance du livre, 2001).