Roman
Editions Seuil - 4 mars 2021 - 192 p
Synospsis : Maurice et Gisèle Finkelstein sont très vieux, très riches et ils n’ont pas d’enfant. Toute la famille s’impatiente en attendant la grande kermesse finale chez le notaire. « Ils vont bien finir par mourir », se dit souvent Sophie Delassein, alias Sophinette, journaliste à L’Obs et nièce préférée du couple, en pôle position sur le testament des octogénaires.
Elle fait moins la maligne à l’été 2019, quand elle découvre que son oncle se meurt dans un hôpital de la Côte d’Azur. Elle pourrait laisser filer, elle décide de le sauver en se souvenant du jour où Maurice lui avait fait promettre de s’occuper de lui et de sa femme en cas de problème. Et là, gros problème il y a. En les plaçant dans un EHPAD près de chez elle, la journaliste chanson fait une entrée fracassante dans le monde de la gériatrie qu’elle observe en pissant de rire - sûrement pour ne pas pleurer.
La tragi-comédie grinçante et parfois
irritante, de Sophie Delassein interroge. Arrivée à la fin je ne peux pas dire
que j'ai aimé le fil décousu de l'histoire, mais je ne pourrais pas dire non
plus que je n'ai pas aimé ce récit sarcastique et oh combien ancré dans la
réalité.
Ce roman ce lit vite en peut être 2 heures
tout au plus, car il est certes court, mais surtout l'écriture est d'une
facilité déconcertante. En fait, Sophie Delassein écrit comme elle parle, nous
avons donc plus l'impression d'être à côté d'elle à l'écouter nous narrer cette
histoire qu'en train d'en faire la lecture.
Par moment extravagant, cela part un peu dans
tous les sens, mais au revient à l'essentiel : la déchéance intellectuelle et
physique due à la vieillesse et le fameux héritage de Maurice, l'oncle bougon,
richissime, sans enfant, qui laissera derrière lui une fortune à un membre
encore inconnu de sa famille. Oui, mais lequel ? Car Maurice est versatile.
Impossible de le caresser dans le sens du poil il a un sale caractère et ils ont
tous renoncé à être "gentil" avec lui si vénal soient ils. Il n'y a que sa
Sophinette qui obtient quelques grâces à ses yeux. Alors qui est couché dans le
dernier testament de Maurice Finkelstein ? Dans un ultime épilogue nommé
"épilogue nul" vous le saurez, mais est-ce vraiment l'essentiel qu'il faudra
retenir ? En tous les cas c'est une drôle de surprise malgré tout.
Entre deux séances d'épilations, chroniques
de chanson, Sophinette nous décrit un quotidien morose dans les EHPAD, le dédale
de la mise sous tutelle et les raisons plus ou moins honorables de le faire.
Elle ne mâche pas ses mots, et malgré le côté abject des situations on ne peut
pas nier qu'elle écrit noir sur blanc ce que tout le monde pense tout
bas.
Elle ne fait de cadeau à rien ni à personne
et même pas à elle même. Elle emploie différents tons, le sarcasme, l'humour, on
se perd dans ses fantasmes d'héritage. On grince des dents oui parfois, car
certaines choses sont dérangeantes à admettre. La politique de l'autruche
n'existe pas dans ce roman, c'est du catch et ça plait ou pas du tout.
La vulgarité et la lourdeur est présentes
dans la narration cela aussi peut refréner votre envie de lire.
En conclusion, si je peux le dire ainsi,
j'apprécie ce genre de narration facile à lire qui ne fait pas dans le pompeux
pour me faire croire que l'on est "un extraordinaire auteur", j'apprécie ces
discours directs. J'aurais aimé un peu moins de vulgarité et une structure moins
brouillonne. Entre réalité, fantasmes, pensées c'est très déconstruit donc pas
toujours agréable à remettre dans l'ordre.
Humour noir à découvrir.
Lu en duo avec Christian R, je vous livre son avis; pour vous donner un autre angle de vu, toujours utile surtout avec ce type de lecture.
Maurice et Gisèle Finkelstein sont vieux et riches.
Maurice n'a pas voulu d'enfants.
La question de l'héritage commence à se dévoiler dans l'esprit des éventuels héritiers.
Mais la fusion familiale n'est pas de mise dans cette famille où règne la rancoeur ; alors, la perspective de la succession ne va pas arranger les choses.
Sophinette, l'auteure, est la nièce préférée du couple Finkelstein.
Intéressée,elle aussi, elle va prendre en charge l'Alzheimer de Maurice et l'âge avancé de Gisèle en les menant vers la résidence des Oeillets-Miniatures.
Les portraits sont sans indulgence et Sophie Delassein se met en scène sans s'épargner à son tour : “je suis une Parisienne d'origine doublée d'une authentique connasse. Autrement dit je suis bien partout, j'ai tous les codes.”
Elle parle de son métier de journaliste culturelle à l'Obs, section chanson, ce qui contribue à donner une crédibilité à ce roman/récit.
Bien sûr, les références aux disques rythment son histoire.
C'est avec un style allègre, enjoué que l'auteure nous raconte ses pérégrinations familiales et le côtoiement des EHPAD : “C'EST GE-NIAL, hyper-propre, dès l'entrée t'as un comité d'accueil chaleureux, des gens gentils avec qui on se fait amis en deux secondes, il y a du gel hydroalcoolique en cascade et un dress code assez strict : du blanc, des masques, des gants.”
Un roman léger qui contraste avec l'univers reclus des EHPAD en période de COVID. Une respiration douce amère soulignée par l'humour noir.
Petite biographie sur l'auteur : Sophie Delassein est une autrice française née en 1968.
Journaliste, critique musicale et littéraire au Nouvel Observateur.
Bibliographie :
- 1998 : Rappelle-toi Barbara
- 2004 : biographie de Françoise Sagan
- 2005 : Né quelque part
- 2011 : Julien
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