13 septembre 2018

La rivière de l'oubli - Cai Jun - By Laure M

Thriller - Roman à suspense 

XO Editions - Septembre 2018 -
cain jun la rivière de l'oubli avis chronique

Présentation de l'éditeur : Chine du Nord, juin 1995.
Shen Ming, jeune et brillant professeur, est suspecté d’avoir assassiné une lycéenne. 
Quelques jours après, il est poignardé près de l’école, dans une usine désaffectée.
Neuf ans plus tard, le mystère s’épaissit.
Les présumés meurtriers du professeur sont envoyés, eux aussi, au royaume des morts. 
La rumeur se répand alors : et si Shen Ming avait traversé la rivière de l’Oubli pour se réincarner et se venger ?

Mon avis : Roman alliant un choc visuel et un impact de l'âme. Vous n'en sortirez pas indemne.

Ébranlez vos convictions sur toutes les intrigues déjà lues et plongez dans la rivière de l'oubli. Un cheminement effrayant vers la découverte du coupable ! - dont je n'ai à aucun moment deviné l'identité - sur une narration manipulatrice.

Avant de vous parler du livre en lui même, il faut d'abord le situer (enfin pas sur une carte !): la Chine. Un pays au mode de fonctionnement totalement différent de l'Europe, c'est un grand écart facial entre nos deux cultures. La chine est un pays multi-millénaire, plus de 3000 ans pèsent sur lui. Sa culture est empreinte de fortes croyances elle oscille entre traditions et modernité, sur un territoire et une population immense, souffrant de siècles sans quasi aucune transformations sociales. 

Le savoir éthique et le savoir politique constitue un seul et même savoir. Ceci est exprimé dans la formule : "la nature morale en l'homme et le rythme constant des choses". La morale est la composante dominante, englobant les notions de politique et de religion pour ne faire qu'un.
La loi est conçue comme l'auxiliaire de la morale et elle n'a, sur le fond, pas été modifiée.

Tous ces points, ont un très fort impact sur la mentalité chinoise. Le concept "perdre la face" régit toutes les relations sociales. 

Avec ces éclaircissements, il vous sera plus facile de vous imprégner de l'essence même du roman et d'apprécier davantage le talent narratif de l'auteur. 

Cai Jun à travers un roman à suspense, va nous dévoiler cette Chine dirigée par les rites et les coutumes. Des principes immuables qui règlent la conduite des hommes entre eux. Cai Jun va faire même mieux que cela il va s'en servir pour construire son roman et révolutionner à sa façon les mentalités, pointant du doigt des sujets sociaux brûlants de la Chine d'aujourd'hui. Cai Jun c'est une pensée créative double.

La rivière de l'oubli Cai Jun avis chronique


Le roman est écrit à la première personne du singulier ce qui a pour effet de nous immerger plus profondément dans la peau du héros, Shen Ming - Si Wang.

Shen Ming, professeur de chinois, accusé du meurtre d'une jeune lycéenne voit sa vie, professionnelle, sentimentale et sociale basculer dans la honte et la tragédie. Assoiffé de vengeance il tue celui qu'il pense responsable de son malheur et court se réfugier dans "la zone de la Démone" où il sera tué à son tour.

Mais au-delà de la vie il y a "La rivière de l'oubli" la traverser et revenir sous les traits de Si Wang,  petit garçon précoce dont l'opiniâtreté n'aura aucune limite sentimentaliste. A mi chemin de la renaissance et de la réincarnation, Cai Jun déploie sa théorie du complot, nous faisant suspecter un à un tous les personnages. Nous sommes pris au piège et les pages se tournent jusqu'à connaitre l'affreuse vérité. Le meurtrier ne peut pas continuer à courir et c'est dans cette chasse à l'homme que nous sommes entraînés.

Nous sommes tiraillés par les sentiments qui s’enchevêtrent. Les personnages entretiennent des relations complexes à travers le présent et le passé. L'atmosphère est pesante et à la fois nous ouvre les portes d'un futur plus serein.

Un roman riche et fascinant, il y a plusieurs histoires dans une seule, le rendant parfois, hélas, difficile à lire, d'autant que l'écriture est un peu chaotique à mon gout avec des passages longs, dont on comprend le sens cachés à la fin seulement. Ce n'est pas non plus facile pour moi occidentale ! Il reste addictif et l'atmosphère à la fois lourde et pleine de perspectives nous enveloppe rapidement.

Cai Jun donne à son roman des caractéristiques très originales ; les crimes horribles, la réincarnation, la vengeance parfaite et l'amour des deux mondes, nous permettant de voir une société de désolation et d'impuissance.

La rivière de l'oubli est aussi une histoire d'amour, un amour trahi et responsable de la chute, c'est avec beaucoup de pudeur que cette variante est approchée.

Si Wang est un héros hanté par la mémoire de sa vie passée, à la fois un bonheur et une douleur vive, à laquelle il ne peut échapper. J'avais envie de le prendre dans mes bras, de l'empêcher de grandir de lui dire qu'il avait le droit d'oublier. C'est probablement là que se situe la force de ce roman, c'est le héros principal qui est l'intrigue à lui seul, qui la porte et lui donne toute sa consistance. Cai Jun analyse, sous couvert de littérature, les causes sociales qui poussent au meurtre.

Une enquête de près de 10 ans pour découvrir enfin le meurtrier de Shen Ming.

Un roman audacieux aux dimensions particulières, beaucoup de logique et il surprend par son suspense et son atmosphère. Il nous éclaire sur "l'empire du milieu" pointant l'urgence du changement et de l'évolution des mentalités chinoises sociales trop contradictoires.

En lisant "La rivière de l'oubli" vous n'aurez de cesse de connaitre la vérité, et en allant au delà de l'intrigue maîtresse vous apprécierez encore plus l'impact de ce roman dans son pays.

Merci aux Editions XO pour cette lecture marquante qui a enrichie ma culture, m'a fait découvrir un nouvel auteur, et qui m'a emportée dans un suspense culturel, émotionnel et mystique .
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La rivière de l'oubli Cai Jun avis chronique
L'auteur : Auteur d’une bonne trentaine de romans policiers, mais aussi de nouvelles, Cai Jun est l’un des maîtres – voire le grand maître - du suspense en Chine aujourd’hui, où le roman policier s’affirme de plus en plus comme un genre à la mode, en plein essor. Surnommé le « Stephen King chinois », il est de plus en plus connu des lecteurs et critiques étrangers aussi, grâce à la multiplication des traductions de ses œuvres.
Il est né à Shanghai le 23 décembre 1978 et a commencé à publier à l’âge de 22 ans. Sa première publication est une nouvelle publiée en mars 2000 sur internet, sur le portail rongshuxia, ou Under the Banyan Tree : « L’affaissement du grand stade ». Elle est suivie le mois suivant d’une autre nouvelle courte : « L’enlèvement », qui obtient en août le prix Bertelsmann des nouveaux auteurs de littérature populaire chinoise. La nouvelle est publiée en décembre dans la revue littéraire Dangdai.
L’année suivante, en mars 2001, il termine son premier roman, « Virus », qui est également d’abord publié sur internet, sur rongshuxia ; le second est achevé huit mois plus tard : « Malédiction ». C’est le rythme effréné d’écriture et de publication qu’il va maintenir par la suite, témoignant d’une imagination et d’une facilité d’écriture étonnante, dans son domaine ; le suspense.
En 2005, son roman « Le 19ème étage de l’Enfer », divisé en 19 étages comme autant de chapitres, plus une « sortie de l’enfer », est lauréat du Sina Literary Award. Il est aussitôt adapté au cinéma, comme le seront plusieurs autres romans de l’auteur, tandis que d’autres sont aussi adaptés en feuilletons télévisés.
Cai Jun est en outre rédacteur en chef de la revue « Le monde du suspense et du fantastique » lancée en juin 2012, en remplacement d’une revue antérieure dont elle représente en fait une montée en gamme, avec romans divisés en plusieurs catégories selon le type d’intrigue, bandes dessinées, interviews et autres. Cela monte bien la vogue de ces deux genres, en particulier auprès du public jeune.

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