31 mars 2018

Toutes blessent, la dernière tue - Karine Giebel

Thriller - Roman noir

Editions Belfond - 03/2018 - 744p

Toutes blessent, la dernière tue Karine Giebel avis chronique happybook livres addict


Présentation de l'éditeur : Maman disait de moi que j'étais un ange. Un ange tombé du ciel.  Mais les anges qui tombent ne se relèvent jamais... Je connais l'enfer dans ses moindres recoins. Je pourrais le dessiner les yeux fermés. Je pourrais en parler pendant des heures. Si seulement j'avais quelqu'un à qui parler... Tama est une esclave. Elle n'a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin...  Frapper, toujours plus fort. Les détruire, les uns après les autres. Les tuer tous, jusqu'au dernier. Gabriel est un homme qui vit à l'écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures. Un homme dangereux.  Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique.  Qui est-elle ? D'où vient-elle ?  Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite ! Parce que bientôt, tu seras morte.

Mon avis :
Le petit (ou le gros !) dernier de Karine Giebel est un roman irréfutablement sombre et addictif, vous ne le lâcherez pas jusqu'à la dernière page.

C'est incontestable ! cet auteur à l'art du thriller, elle fait monter la tension et la maintient à son paroxysme du début à la fin. Une sueur froide coule le long de notre dos dès les premières pages, nous comprenons vite la réalité, partagés entre voyeurisme et impuissance face à l'histoire, à la situation quasi sans issue.

Roman noir construit sur plusieurs voix, alternant les chapitres présent, passé, bref un roman à la structure pas facile pour l'auteur et pourtant tout est parfaitement accordés.

Le personnage central est Tama, petite fille marocaine vendue pour une bouchée de pain et expatriée pour servir d'esclave à des bourreaux français. Tama va grandir devenir de plus en plus belle et de plus en plus torturée, battue, exploitée, violée, tombant à chaque fois un peu plus bas mais se relevant toujours.

Le décor est planté, nous allons nous enfoncer dans l'horreur de l'esclavage moderne, la violence est omniprésente et la prise de conscience d'une réalité actuelle donne une authenticité certaine à ce roman. C'est le fond et l'essence de ce roman.

Sur ce chemin fait d'humiliations et de souffrances, Tama croisera Izri qui deviendra son amour sa raison de vivre.

Promets-moi qu’en son royaume, on oublie ses blessures et ses chaînes.
Mais jamais son amour.

En parallèle, l'histoire de Gabriel le tueur en série par conséquence, par vengeance ; Gabriel recueille une jeune fille blessée, amnésique, qui est elle ? va t'il la tuer ? Quelle sera la liaison entre tous ?

Les chapitres avec Gabriel permettent de reposer notre esprit face à tant de violence et de mal. Nous ne nous amusons pas dans ce roman, nous sommes frappés en plein cœur, nous sommes Tama sur une corde raide avec de minuscules espoirs.

Avec cette narration précise, Karine Giebel offre à nouveau un implacable et magistral thriller noir, 745 pages que j'ai tournées la haine au ventre. Elle dénonce une réalité affreuse qui glace le sang.

Une lecture dure, un livre poignant à lire absolument pour Karine Giebel, pour sa qualité d'écriture, pour l'histoire, pour la prise de conscience. Un roman noir profond qui comble les grands adeptes de ce genre de livres. L'écriture est irréprochable, il ne souffre d'aucune incohérence, j'aimerais juste découvrir toute les qualités d'écriture de cette auteur dans un autre registre moins noir moins desespéré mais c'est ce qui fait son "charme" et sa signature aussi. A lire mais pas les jours de déprime ou si justement pour se dire que finalement notre vie est magnifique !

Un micro espoir dans l'épilogue et j'apprends avec horreur qu'il a fallu attendre la loi du 5 août 2013 pour que la réduction en esclavage, la servitude et le travail forcé fassent leur entrée dans notre code pénal, ce qui signifie qu'avant cela les yeux étaient fermés et aucune loi ne protégeait ou ne punissait ?

Le titre est issu d'un proverbe latin : "Vulnerant omnes ultima necat" Toutes blessent, la dernière tue. Inscription forte et cruelle de vérité gravée sur les cadrans solaires en référence aux heures qui passent et nous tuent chaque jour. 
Toutes blessent la dernière tue Karine Giebel avis chronique happybook livres addict
Le roman de Karine Giebel a reçu la plume d'or du thriller francophone

Petite anecdote tout de même sur le lieu du roman, si la moitié se déroule à Paris, chose non exceptionnelle la seconde partie se déroule dans l'Hérault exactement à Montpellier (avec citation des villes de St Jean de Védas et Villeneuve les Maguelone pour sa prison) et Montpellier c'est Ma ville !! Je me serais délectée de quelques descriptions supplémentaires dans un prochain roman peut être avec un prochain auteur qui sait ?

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Giebel KarineL'auteur : Auteure française née en 1971. Karine Giébel poursuit des études de droit. Elle exerce en qualité juriste dans la fonction publique territoriale où elle s'occupe des marchés publics au sein d'une communauté d'agglomérations.
Ses premiers romans sont parus aux éditions La Vie du Rail. Elle obtient le Prix marseillais du Polar en 2005 pour "Terminus Elicius", son premier livre paru en 2004.
"Les Morsures de l’ombre" est son troisième roman pour lequel, elle a reçu le Prix Polar du festival de Cognac en 2008 et le Prix SNCF Polar 2009.
Elle a reçu le Prix des Lecteurs à ce même festival pour "Jusqu'à ce que la mort nous unisse".
2012 - "Juste une ombre" Prix Marseillais du Polar et le Prix Polar de Cognac.
2016 - "De force".
Fin 2016, son 1er roman Terminus Elicius est réédité en grand format. Il est suivi d'une nouvelle inédite intitulée "Aurore".
Ses romans sont traduits en 9 langues. Certains d'entre eux sont en cours d'adaptation audiovisuelle.

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